1/ Oui car celui qui se contraint ne peut être heureux
Dans le Gorgias de Platon, Socrate se rend chez Calliclès pour entendre Gorgias.Calliclès et Gorgias sont des sophistes, ils se prétendent sages.
La philosophie de Socrate s'est construite contre les sophistes parce qu'ils enseignaient la rhétorique et faisaient payer leur enseignement très cher.Dans un régime démocratique il devient indispensable d'apprendre à parler pour convaincre les autres; les sophistes sont nés avec la démocratie.
Repère : convaincre/persuader : dans les deux cas le but est de ramener l'autre à son point de vue.Mais convaincre se fait à l'aide d'arguments, il faut faire appel à la raison de l'autre.Pouur persuader il faut faire appel à la sensibilité de l'autre, à la pitié, la colère, l'amour (= manipulation)
Les sophistes enseignaient l'art de convaincre et de persuader.Ce que Socrate leur reproche c'est de ne pas chercher la vérité, si les sophistes apprennent l'art de bien parler c'est pour prendre le pouvoir.Gorgias était très influent à l'époque, Calliclès n'a surêment pas existé car il défend la thèse des sophistes de façon outrancière.
Platon, comme toujours, défend sa pensée par la bouche de Socrate.Il dit à Gorgias que l'on peut faire un usage de la rhétorique injuste, celui ci se défend un peu mais finit par l'admettre.Socrate dit alors : "L'injustice est le pire des maux", il vaut mieux subir l'injustice que la comettre.Mais Calliclès veut démontrer à Socrate que comettre l'injustice est un mal du point de vue des lois mais qu'il est juste, selon la nature, que le plus fort domine.
Selon Socrate la sagesse est dans la maîtrise de soi, il se faut pas s'abandonner à ses désirs.Etre sage c'est vivre selon la raison, c'est être capable de maîtriser les désirs que l'on juge déraisonnables (ce n'est pas de l'ascétisme).Pour Socrate être libre c'est ne pas être esclave de ses désirs, la liberté c'est faire ce que l'on veut, cad ce que l'on a décidé après réflexion.
Mais Calliclès pense que le sage est esclave car il se contraint.Selon lui être libre c'est suivre sa nature, être soi même.Le sage est esclave de sa raison, de sa conscience morale, des conventions humaines.Selon Calliclès le bonheur est dans une liberté sans limite (= licence).L'homme le plus heureux essaye de satisfaire tous ses désirs sans se soucier des lois.Pour être heureux il faut toujours désirer et intensifier ses désirs, il ne faut pas chercher à les modérer.Selon Calliclès le bonheur n'est pas à la porté de tous car il faut être capable d'intensifier ses désirs et il faut être intelligent et avoir le courage de s'imposer.Selon Calliclès l'intempérance (absence de modération) vient de la faiblesse et la jalousie des hommes ainsi que des lois.La morale et les lois ont été inventé par les faibles pour se protéger.La justice des hommes est injuste car elle empêche les hommes qui ont la nature d'être des dominants d'avoir le pouvoir.
Conclusion : Concernant le désir pour Calliclès la satisfaction du désir est la clé du bonheur, il n'y a rien de mauvais dans le désir car il peut nous apporter du plaisir.Pour Calliclès être heureux c'est faire ce qui nous plaît, lorsqu'on est contraint on ne peut pas être heureux, c'est aussi une définition de la liberté.Concernant la morale, justice et les lois, la thèse de Calliclès c'est qu'elles ne sont pas justes en elles mêmes puisqu'elles ont pour cause la faiblesse et la jalousie.
2/ Cependant dans la licence l'homme ne peut s'accomplir
Selon Calliclès ce qui est juste c'est que le plus fort gagne.Il fonde cette affirmation sur la nature parce que dans la nature on observe la loi du plus fort (le lion est le roi des animaux car dans la savane il n'a pas de prédateurs, c'est le plus fort).Mais la nature ne peut pas nous servir de modèle car elle est par delà bien et mal, il n'y a pas d'injustice car le loup n'est pas capable de se demander si c'est bien ou mal.Le loup obéit à sa nature car il n'a pas le choix et ne peut pas se poser la question du bien ou du mal par conséquent le loup n'est ni juste ni injuste.Par contre l'homme a une conscience morale, il a le choix.
Le règne de la force est instable et il produit l'insécurité, la violence, la peur de l'autre = situation qui n'est favorable au bonheur de personne.
Concernant le désir: la multiplication et l'intensification des désirs augmentent également le manque, la déception.On a des désirs contradictoires, on est obligé de les hiérarchiser, de les limiter.
Dans la Republique, IX, Platon fait le critique de la vie intempérante.
Selon Platon l'âme a 3 formes : le monstre à plusieurs têtes, le lion et l'humain.Le monstre polycéphale c'est la partie de l'âme que Platon apelle "epithunia" (= le ventre).C'est l'âme concupiscible, ce sont les désirs les moins nobles.Elle est formé de nos besoins (têtes d'animaux paisibles) et de tous nos désirs bestiaux (têtes d'animaux féroces).L'idée de Socrate c'est qu'il y a en nous une partie bestiale qui peut comettre des choses horribles.
Le lion représente le courage, les sentiments nobles, en grec c'est le "thumos" (= le coeur).C'est une partie qui peut se mettre au service du monstre ou de l'humain.C'est la partie qui s'emporte, qui est capable de colère et de courage.
L'homme intérieur représente la pensée, la raison, en grec on l'apelle le "nõus" (= pensée, raison, esprit).Pour Socrate c'est la partie la plus noble qui contient des exigences et des désirs (de vérité, de bon, de beau).Par rapport aux autres c'est la plus petite partie.
Cette tripartition de l'âme signifie qu'au fond nous ne sommes pas un et que la nature humaine est complexe et conflictuelle.Ces différentes parties de l'âme n'ont pas la même force.La bête en nous est très importante, elle cherche à dominer.Ce qui vaut le plus en nous c'est ce qui est le + faible (l'homme).La culture et l'éducation doivent donner de la force à notre partie la + faible.
Selon Platon l'injustice est un mal moral car l'homme injuste est l'homme qui est dominé par ses désirs les plus bestiaux, il a laissé le monstre et le lion prendre le dessus.L'homme injuste n'a pas réalisé ce qu'il y a de plus noble en lui, il ne peut pas être heureux car pour être heureux il faut s'estimer soi même.L'homme juste est gouverné par sa raison il a 3 vertues essentielles : la vertue de tempérance (il est capable de modérer ses désirs, de ne jamais tomber dans l'excès), la vertue de courage (il a la force de résister aux tentations), la vertue de sagesse (il a pleinement développé sa raison et réalisé ce qu'il y a de meilleur en lui).L'homme injuste est un homme pervertis qui n'a pas su réaliser sa nature d'homme.
Conclusion: Platon montre, dans ce texte de la Republique avec l'image du sac de peau,que l'âme est multiples.Par conséquent nos désirs aussi sont multiples et pour Platon il y a des bons et des mauvais désirs, le désir n'est pas mauvais dans son ensemble.Le désir d'humilié l'autre est mauvais mais il y a des désirs plus nobles comme celui de s'amméliorer, de faire grandir l'autre.Pour Platon il est indispensable de hiérarchiser les désirs car il y a une hiérarchie dans l'âme.
3/ Le bonheur et la liberté ne sont pas dans la maîtrise des désirs mais dans leur compréhension
L'idée de Platon c'est que nous sommes multiples, il y a 2 parties en conflit.Pour Platon le bonheur et la liberté se trouve dans la domination des désirs par la raison.
*Cette idée de lutte et de conflit entre des parties de l'âme est-elle juste ?
Spinoza rejete cette idée car il pense que cela culpabilise l'homme, le rabaisse.Il rejete aussi le pécher qui ramène à la même idée.
L'idée de Spinoza c'est que l'homme est un être de désir, il n'est pas divisé entre des désirs contradictoires.On est mis en action par le désir de persévérer dans notre être = c'est un désir fondamental.Les mauvais désirs ne viennent pas de la part mauvaise qui est en nous mais ils viennent de l'ignorance.Nous cherchons à persévérer dans l'être mais notre manière de faire n'est pas adéquat.Avec la drogue l'individue cherche à persévérer dans son être mais le résultat n'est pas du tout celui qui est visé.
Conclusion général: Le désir est ambigüe puisqu'il est à la fois puissance, force, énergie, élan vital et en même temps on fait l'expérience de notre impuissance.Le désir conduit tout au temps au plaisir lorsqu'il est satisfait mais aussi à la souffrance, il est créateur mais aussi destructeur.Le désir n'est pas essentiellement mauvais puisqu'il est puissance positive d'affirmation et qu'il y a des bons et des mauvais désirs.Ces désirs viennent selon Platon et Freud de la complexité de la nature humaine.Mais ils viennent en fait de l'ignorance de ce qui peut réellement nous accomplir.
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